Qu’est-ce l’insomnie ?
Dans l’acception commune et courante, l’insomnie est la diminution de la durée habituelle du sommeil et/ou l’atteinte de la qualité du sommeil avec répercussion sur la qualité de la veille du lendemain.
Un cercle vicieux
Hors il est à noter que l’insomniaque se doit de dormir. Alors il met en place des rituels pour accroitre la durée du sommeil. Il peut prendre des tisanes ou du lait, recourir à des comprimés à base de plantes voir d’anxiolytiques. Il se met au lit parfois tôt et s’oblige à dormir. Le sommeil ne venant pas il se tourne et se retourne, il lit au lit en attendant le sommeil ou regarde la TV. Moins il s’endort, plus il s’énerve, se crispe, pense aux conséquence de sa mauvaise nuit sur la journée du lendemain. Il essaye de se forcer, de se motiver, mais tout cela échoue.
Ce scénario peut se répéter nuit après nuit. Il s’agit d’un cercle vicieux que l’insomniaque n’arrive pas à briser. Il se sent victime d’une force que le dépasse.
L’école de Palo Alto
Dans les années 60 un groupe de chercheur que l’on nomma l’école de de Palo Alto avaient formalisés une théorie selon laquelle les « tentatives de solution » constituent la cause de la plupart des problèmes psychologiques. Ils ont identifié que dans certaines problématiques le patient voulait provoquer chez lui des choses spontanées naturelles, se forcer à avoir un orgasme, à aimer, à se détendre.
Les tentatives de solution
Il en est de même pour le sommeil. L’insomniaque s’adresse une injonction paradoxale : « Dors spontanément ». Une sorte de performance impossible à accomplir dans la peur de vivre les difficiles conséquences le lendemain. Il amplifie ainsi toute une série de problèmes : augmentation de la tension mentale et physique, association entre lit et insomnie, déstructuration du rythme veille/sommeil, développement d’une phobie du sommeil, survenue de sentiments d’impuissance et d’échec…
La solution devient le problème
Dans l’approche de Palo Alto le thérapeute va amener l’insomniaque à faire un 180° de sa tentative de solution qui est « je dois me forcer à dormir ». La nouvelle injonction devient dont « je dois cesser de me forcer à dormir ».
Quand le problème devient la solution : Les prescriptions paradoxales
Voici donc quelques prescriptions paradoxales pour traiter l’insomnie :
Lire l’annuaire téléphonique jusqu’à tard dans la nuit, effectuer des corvées et autres tâches rébarbatives jusqu’au matin, écouter une émission de radio à bas volume de façon à tendre l’oreille, se forcer à écouter au travers des murs… Et n’aller au lit que si l’on tombe de sommeil. La conséquence et de rendre l’état de veille pendant la nuit d’un profond ennui et le sommeil une issue libératoire. Le faite de s’interdire d’attendre le sommeil permet un lâcher prise et un retour à une régulation naturelle. Lâcher son objectif principal qui est de dormir et une focalisation sur un autre type de performance à pour résultat d’enrayer le cercle vicieux.
Le résultat : Pourquoi quelque de chose d’illogique marche ?
En résumé : vouloir se forcer à dormir, pour ne pas avoir à vivre les conséquences de la fatigue, entraine un longue attente frustrante au lit qui créée de l’énervement. La tension s’élève, des pensée négatives apparaissent ainsi qu’un sentiment d’échec. Le résultat final se traduit par un manque de sommeil et un certain désespoir. Mais le cercle vicieux réapparait le soir suivant ou la personne pense qu’elle doit tout faire pour contrôler et que l’échec de la veille n’est que la conséquence d’un manque de contrôle.
Le contrôle du sommeil est une tentative de contrôle forcément vouée à l’échec, mais la personne se doit de contrôler autre chose. S’atteler à l’objectif de pas vouloir dormir en effectuant des tâches ennuyeuses et rébarbatives ne peuvent entrainer que deux conséquences : celle de rester éveiller ou celle de tomber par ennui dans le sommeil. Dans aucun de ces cas de figure la personne n’est en échec, et elle retrouve le contrôle avec la satisfaction de ne plus s’énerver.
Des stratégies similaires sont employées par beaucoup cliniques du sommeil, sous la forme de recommandations telles que de ne rien faire d’autre que de dormir au lit. Les actions suivantes sont à bannir : rester éveiller, dormir, manger, regarder les écrans, lire,…
Pour en savoir plus sur l’approche systémique.